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La matinée était magique, l’air tiède, la brise fraîche ; nous suivions une route aussi parfaitement entretenue qu’une allée d’un parc royal, bordée de ces magnifiques végétaux des tropiques qui répandent une si agréable fraîcheur ; des milliers d’oiseaux chantaient à plein gosier, blottis sous la feuillée, et nous voyons sauter de branche en branche, en nous faisant les grimaces les plus grotesques, des singuliers petits singes particuliers à l’île Saint-Christophe et dont l’espèce ne se rencontre que là.

Ces animaux sont, soit dit en passant, un véritable fléau pour les colons qui ne savent comment s’en délivrer, et dont ils dévastent les récoltes.

Après trois quarts d’heure de marche à peu près, nous arrivâmes au pied d’une falaise assez élevée, au sommet de laquelle était bâtie une maison ou plutôt un château magnifique, entouré de tous les côtés, excepté de celui de la mer, d’une végétation luxuriante et presqu’enfoui dans un véritable océan de verdure.

— Voyez-vous ce château ? me dit M. Ducray.

— Certes, je le vois, et il me semble magnifique.

— Il l’est en effet ; eh bien ! saluez mon cher compatriote. À la place où se trouve aujourd’hui ce château, où nous nous rendons, s’élevait, à une autre époque, une maisonnette construite par Montbarts, à son arrivée en Amérique, et la première qu’il ait habitée sur le sol du Nouveau-Monde ; c’est