Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/341

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— Vous avez courte mémoire, caballero, continua sévèrement Tête-de-Fer. Cet homme qui vous a indignement volé toute votre fortune au jeu, qui feint aujourd’hui de vouloir épouser votre fille, et qui vous trompe, car il est marié depuis longtemps déjà dans son pays, cet homme je vais vous dire qui il est, moi.

— Avant tout, reprit don José avec hauteur, car il avait repris tout son sang-froid et toute sa puissance sur lui-même, dites-moi qui vous êtes vous-même, señor, et de quel droit vous vous êtes introduit dans cette maison qui est la mienne.

— Qui je suis ? répondit-il froidement ; je suis un flibustier, señor, ainsi que vous-même l’avez reconnu ; je suis l’homme auquel vous avez dû, à Saint-Domingue, votre liberté et l’honneur de votre fille. De quel droit je suis ici ? du droit que s’arroge tout homme de cœur de protéger la faiblesse persécutée par ceux-là mêmes qui devraient la défendre.

— Tant d’audace ne restera pas impunie, señor, s’écria don José avec colère ; je saurai châtier comme il convient…

— Trêve de menaces et de rodomontades, inutiles, caballero ; et vous, señoritas, retirez-vous, je vous prie, dans vos appartements. Ne craignez rien, doña Elmina, vous êtes maintenant sous ma sauvegarde, je saurai vous défendre contre tous, même contre votre père.