d’une rafle ; cette rafle fût-elle d’as. Est-ce entendu comme cela ?
— Oui, répondu le boucanier d’une voix sourde.
— Nous ne jouerons que trois parties.
— Soit !
— Et j’aurai seul le droit de fixer l’enjeu.
— À moins que je ne gagne.
— Naturellement. Fixons le premier enjeu ; combien as-tu là devant toi ?
— Huit mille sept cents piastres.
— À combien évalues-tu ce que tu possèdes, maisons, meubles, engagés, tout enfin ?
— À pareille somme.
— Tu te fais bien riche, il me semble, dit Ourson en riant.
— As-tu compté avec moi ? répondit brutalement le boucanier ; c’est mon prix.
En ce moment, Ourson sentit qu’on le touchait légèrement à l’épaule, il se retourna.
Derrière lui se tenaient, humbles et désolés, les malheureux prisonniers espagnols.
— Par pitié, señor ! murmura une voix douce et plaintive à son oreille.
— C’est juste, fit Ourson et ces gens, reprit-il, en désignant les prisonniers, combien les estimes-tu ?
— Dix mille piastres, pas un réal de moins.
Le capitaine hésita un instant.
— Au nom de la sainte Vierge, pitié ! señor, reprit