Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/71

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— Donc, voici les conditions de la première partie, reprit le capitaine de sa voix ferme et accentuée ; les dés au nombre de trois et le cornet, également inconnus à toi et à moi, seront pris au hasard.

— Supposes-tu que mes dés soient pipés ? s’écria Boute-Feu d’un ton de menace.

— Je ne suppose et ne veux rien supposer, j’use de mon droit, voilà tout.

Boute-Feu jeta violemment son cornet à terre et le foula aux pieds avec rage.

Toutes les parties avaient été interrompues ; les Frères de la Côte se pressaient curieusement autour de la table, montés sur les bancs, les tables et les barils, afin d’assister à ce duel d’une nouvelle espèce et de mieux voir, retenant leur respiration et faisant un si profond silence qu’on eût entendu le vol d’une mouche dans cette salle, où cependant près de deux cents personnes étaient réunies.

— Voici un cornet et des dés, mon ami, dit, en venant prendre place auprès du capitaine, un homme devant qui tous les Frères de la Côte s’écartèrent avec respect.

— Merci, Montbarts, répondit Ourson, qui pressa affectueusement la main du redoutable flibustier.

Puis, s’adressant à Boute-Feu :

— Nous jouerons chacun un coup, reprit-il ; le point le plus élevé passant dix gagnera, à moins