comme les autres, c’est du feu qui circule dans nos veines et non du sang.
— M’abandonnez-vous ?
— Vous ne le supposez pas ; de plus vous allez en avoir la preuve.
Le gouverneur sourit et lui serra la main.
Les Frères de la Côte attendaient impassibles la fin de ce colloque.
— Je n’ai pas terminé, Frères, reprit Ourson après un instant de silence, il me reste encore à décider du sort des prisonniers espagnols. Est-il juste que ces malheureux demeurent esclaves, lorsque tous nous avons part à l’héritage de l’homme que nous avons condamné ? Bien que ces prisonniers appartiennent à une race que nous abhorrons, nous commettrions une injustice inqualifiable en les laissant en esclavage. À ces fiers Espagnols qui nous traitent si hautainement de ladrones et nous traquent comme des bêtes fauves, montrons que nous les méprisons trop pour les craindre ! rendons la liberté à ces prisonniers, laissons-les retourner au milieu de leurs parents et de leurs amis, qui n’espèrent plus les revoir. En nous connaissant mieux, les Espagnols nous redouteront davantage. Approuvez-vous cette détermination, mes Frères ?
Il y eut une hésitation visible dans la foule ; un instant le capitaine craignit que sa noble résolution n’échouât devant la haine de ses compagnons.