Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/87

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Une loi des flibustiers défendait, sous peine de mort, à un Frère de la Côte, de rendre, sans l’assentiment général, la liberté à un prisonnier espagnol, homme, femme, enfant ou prêtre.

M. d’Ogeron jugea la position d’un coup d’œil ; il comprit que le capitaine avait dans sa générosité dépassé les bornes de la prudence et que s’il n’intervenait pas, tout était perdu.

— Capitaine Ourson Tête-de-Fer, dit-il en se levant au nom de tous les Frères de la Côte, je vous remercie de la généreuse initiative que vous ne craignez pas de prendre. La flibuste est trop puissante pour redouter ses ennemis, elle les attaque bravement en face, les renverse, et, quand elle les a vaincus, son cœur doit s’ouvrir à la pitié. À quelque nation qu’ils appartiennent, souvenons-nous que les malheureux sont frères. C’est à nous, mis au ban de la société, qu’il appartient de donner au monde, qui nous méconnaît, cet exemple d’humanité. Je vous le répète, capitaine, au nom de la flibuste je vous remercie. Vos prisonniers sont libres, vous êtes maître d’en disposer pour les rendre à leurs familles.

— Oui, oui s’écrièrent les flibustiers entraînés par les nobles paroles de M. d’Ogeron, qu’ils soient libres ! Vive le gouverneur ! vive Ourson Tête-de-Fer !

L’élan était donné, l’enthousiasme devint général.