Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/138

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Après avoir pris congé de l’alcade et lui avoir confié sa lettre, Olivier a passé deux excellents pistolets de Lepage à sa ceinture ; puis, sans détourner la tête, il s’est enfoncé résolûment dans la forêt vierge, en compagnie de la vieille Indienne, qui trottait allègrement devant le mustang, lui frayant le passage et éclairant la route.

Depuis ce jour, nul ne l’a revu.

Toutes mes recherches ont été en pure perte. C’est alors, monsieur, que j’ai pensé à vous et que l’idée m’est venue de vous demander conseil.

— Avant de vous donner ce conseil, veuillez d’abord, mon cher Lebris, me faire connaître vos intentions.

— Ce sera bientôt fait, dit-il en allumant un cigare.

— Bien, allez.

— Si ma présence vous gêne, monsieur, dit le vieillard, je me retirerai. Et il se leva.

— Non point, señor, s’écria vivement Ivon Lebris n’êtes-vous pas un ami d’Olivier ?

— Oui, dit-il en soupirant, et un des plus dévoués.

— Alors, señor, il ne saurait y avoir de secret entre nous.

— Merci, répondit avec émotion don Carlos de Santona.

— Avant tout, cher monsieur Maraval, vous comprenez, n’est-ce pas, que je n’accepte pas le cadeau qu’Olivier m’a fait de son navire le Hasard ?

— Pourquoi donc cela ?

— Pour cent raisons, dont la première doit suffire : je ne le veux pas. Je suis Breton, vous le