Don Carlos fit à M. Maraval un signe d’intelligence que le matelot, occupé à se verser un verre de rhum, ne remarqua pas.
— Mon cher Lebris, répondit le banquier, ce que vous me demandez mérite réflexion ; c’est beaucoup trop sérieux pour que je puisse ainsi vous répondre tout de suite ; voulez-vous m’accorder deux ou trois heures ?
— Quatre, si vous le désirez, cher monsieur Maraval ; rien ne me presse positivement. Je profiterai même, si vous me le permettez, de ce temps de répit pour prendre un peu de repos ; je m’aperçois maintenant que je suis très-fatigué.
— Qu’à cela ne tienne. N’êtes-vous pas chez vous ?
Le banquier sonna et fit conduire le marin dans une des chambres d’amis, toujours prête à recevoir les visiteurs.
Ivon Lebris se jeta sur un lit, et s’endormit presque aussitôt.
— À nous deux dit le banquier à don Carlos de Santona dès qu’ils furent seuls. Pourquoi avez-vous désiré me parler en particulier ?
— Parce que, répondit le vieillard avec agitation, je trouve l’idée de ce jeune homme sublime et que je veux l’aider à réussir.
— Cela est facile.
— Oui, en l’accompagnant.
— Vous voulez l’accompagner, vous ? s’écria M. Maraval au comble de la surprise.
— Moi, oui, mon ami ; ne suis-je pas seul au monde ? s’écria-t-il d’une voix fébrile. Je ne suis venu que pour vous dire : Ayez pitié de ma douleur, aidez-moi à réparer mon crime, rendez-moi…