Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/256

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— Après, mon père, Dieu, je l’espère, m’indiquera la route que je devrai suivre.

— Soit, je retiens votre parole, mon fils, je ne veux pas être trop exigeant ; bientôt, je l’espère, vos idées se modifieront : l’ambition est un puissant aiguillon, mon fils.

Olivier sourit sans répondre.

— Donc, nous nous entendons, mon fils ? reprit le duc.

— Oui, mon père ; dans les termes convenus entre nous, et dont, pour ma part, je ne m’écarterai jamais.

Tel fut le premier entretien d’Olivier avec son père ; dès le premier moment, et peut-être à leur insu, une lutte sourde commençait entre eux.

Ils étaient trop loin l’un de l’autre, comme éducation et expérience des hommes et des choses, pour jamais se comprendre, tout en s’aimant chaque jour davantage.

Le père incarnait en lui la noblesse, avec ses grandeurs factices et ses préjugés rétrogrades.

Le fils était, lui, l’expression vraie du peuple révolté contre toutes les servitudes, réclamant l’égalité des rangs et surtout des droits, en même temps que la part de bonheur que devait lui assurer le pacte social, dont il est la cheville ouvrière.

Deux mots résumeront complétement ce premier entretien.

— Que pensez-vous de ce que vous avez entendu ? demanda le duc à M. Maraval, lorsqu’il se trouva seul avec lui.

— Je suppose, monsieur le duc, répondit le banquier, que, quinze ans plus tôt, vous auriez peut-être réussi, mais aujourd’hui il est trop