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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/339

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ger de moi ; que vous avez enlevé à votre sœur morte ce papier que je n’avais pu, moi, arracher des mains de ma femme vivante. Belle vengeance, fit-il avec une ironie amère, que de déshonorer une femme dont la réputation jusqu’à ce jour a été immaculée !

— Vous vous trompez, mon frère : je ne viens pas ici pour me venger de vous.

— Que me voulez-vous donc, alors ? dit-il en fixant son regard soupçonneux sur celui calme et triste d’Olivier.

— Je viens pour essayer de vous rendre un service.

— Un service, à moi ? vous ?

— Moi-même, répondit froidement Olivier. Vous savez que la haute cour est réunie pour vous juger ?

— Je le sais, répondit-il d’une voix sourde.

— Vous savez que demain vous comparaîtrez devant elle ?

— On m’en a averti aujourd’hui.

— Vous savez que le gouvernement est résolu à laisser la justice avoir son cours ?

— Je le sais, et cela est infâme ! fit-il en grinçant des dents.

— Connaissez-vous la peine qui sera prononcée contre vous ?

— La mort, sans doute, fit-il avec un sourire funèbre.

— Oui, mais quel genre de mort ?

— Je suis gentilhomme et grand d’Espagne, répondit-il en se redressant fièrement ; y a-t-il donc deux genres de mort ?

— Oui, fit Olivier d’un accent glacé.

— Je ne vous comprends pas.