Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/340

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— Vous serez dégradé de noblesse et livré au bourreau comme un vulgaire assassin ; vous mourrez par le garrote vil.

— C’est impossible ! s’écria-t-il avec un frisson nerveux ; ce serait déshonorer toute la noblesse espagnole en ma personne.

— Vous ne serez plus gentilhomme.

Le marquis se leva et fit deux ou trois fois le tour de sa cellule à pas précipités, en gesticulant avec fureur.

— Le garrote vil ! à moi, un Palmarès ! répétait-il avec une rage concentrée ; quelle honte !

Tout à coup il s’arrêta devant Olivier, et, le regardant fixement :

— Est-ce donc pour me torturer en me disant toutes ces choses, reprit-il avec amertume, que vous vous êtes introduit dans ma prison ?

— Je suis venu pour vous rendre service, si je puis.

— Quel service ? parlez.

— Marquis, toute la grandesse a demandé votre grâce à la régente ; moi-même, au nom de mon père, je l’ai suppliée ; la régente a été inflexible, elle exige que justice soit faite. Aujourd’hui, le grand juge m’a fait tenir un billet par une main inconnue. Dans ce billet il m’était ordonné de me rendre ce soir, à dix heures, près de vous, accompagné de l’homme que vous voyez là, debout, près de la porte ; cet homme, ajoutait le billet du grand juge, se faisant fort de vous soustraire au sort ignominieux qui vous attend. Je n’en sais pas davantage ; j’ai obéi aux instructions du grand juge, le reste vous regarde seul.

— C’est bien, merci, mon frère ; et, faisant un