Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/341

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signe à don Sylvio Carvajal, toujours masqué, debout près de la porte, approchez, lui dit-il.

Don Sylvio Carvajal fit quelques pas.

— Que me voulez-vous ? demanda le marquis.

— Vous proposer un marché.

— Un marché ? Soit. Lequel ? Parlez.

— Je puis vous éviter la honte d’un jugement.

— Vous ?

— Moi-même.

— Comment ? en m’aidant à m’évader ?

— Vous seriez jugé par contumace.

— C’est juste. De quelle façon alors ?

— Que donneriez-vous pour que la dame que vous savez ne fût pas déshonorée et que je vous rendisse la lettre qui vous a coûté un crime si horrible, et que vous n’avez pas obtenue ?

— Qui êtes-vous ? s’écria le marquis avec agitation.

— Cela vous importe peu, monseigneur ; répondez-moi, le temps passe.

— Cette lettre, vous l’avez ? fit-il d’une voix sourde.

— La voici, dit don Sylvio en la retirant d’un portefeuille et la montrant.

Il y eut un court silence.

Le marquis, les sourcils froncés à se joindre, les traits affreusement convulsés, la tête penchée sur la poitrine, semblait soutenir un violent combat avec lui-même. Soudain il releva la tête.

— Je donnerai ma vie ! s’écria-t-il d’une voix ferme et le regard étincelant ; peu m’importe le déshonneur. J’ai commis un crime épouvantable, je suis prêt à subir le châtiment terrible que j’ai