Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/342

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mérite mais elle ! elle ! quoi qu’il arrive, elle doit rester sauve de toute souillure !

— Eh bien, reprit don Sylvio Carvajal d’une voix brève, je vous demande votre vie en échange de cette lettre.

— Dites-vous vrai ?

— Je vous remettrai cette lettre aussitôt que vous aurez accompli les conditions de notre marché.

— Mais, mourir ? Comment ? je n’ai rien ici, pas une arme ? Sans cela vivrais-je encore ?

— Êtes-vous bien résolu ?

— Sur mon nom, que je ne veux pas voir déshonoré, je vous le jure s’écria-t-il avec force.

— C’est bien, j’accepte.

Olivier s’était retiré à l’écart ; il semblait absorbé par de tristes pensées et avoir même oublié le lieu où il se trouvait, d’autant plus que les deux hommes parlaient bas et que leurs paroles n’arrivaient à son oreille que comme un murmure confus, complétement inintelligible.

Don Sylvio Carvajal avait pris dans une poche de son gilet un microscopique flacon de cristal, à fermoir d’or.

— Buvez ceci, dit-il au marquis en le lui présentant.

— Sera-ce long ? demanda le prisonnier en fixant un regard étrange sur le flacon.

— Non, dix minutes au plus ; un coup de foudre, enfin…

— Bien. La lettre ?

— Buvez, dit froidement don Sylvio Carvajal.

— Ah ! fit-il avec ressentiment, vous vous méfiez de moi ?