Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/98

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Ivon Lebris prit aussitôt le commandement du corsaire à demi désemparé ; il réussit à sortir de la mêlée et à s’éloigner de tout danger immédiat.

Olivier, toujours évanoui, avait été porté sur son lit.

Le cadavre de doña Dolorès avait été étendu sur un canapé, et recouvert d’un pavillon ; la jeune femme semblait dormir :

Laissant le docteur Arrault prodiguer ses soins à son ami, Ivon remonta sur le pont et il fit aussitôt réparer les avaries subies par le navire ; puis, ce travail terminé, il se rejeta dans la mêlée avec une rage de tigre.

Il lui fallait une vengeance, il l’obtint complète : deux bricks espagnols, pris par lui à l’abordage, furent incendiés et coulèrent avec leurs équipages, sans que les corsaires permissent à un seul de ces malheureux de s’échapper !

Le soleil, en se levant, éclaira un spectacle épouvantable !

La flotte espagnole était détruite ; quelques rares bâtiments, sauvés par miracle, avaient amené leur pavillon.

La mer était couverte d’épaves sanglantes et de cadavres défigurés ; sur la plage, gisaient piteusement les carcasses brisées, brûlées, méconnaissables de ce qui, quelques heures auparavant, était de beaux et vaillants navires.

La flotte confédérée avait éprouvé des pertes sérieuses, à la vérité, mais la victoire de l’amiral Cochrane était complète.

Doublement complète, même sur terre et sur mer ; car l’armée Colombienne avait réussi à chasser les Espagnols de toutes les positions qu’ils