Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/113

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l’homme croie d’abord assez à son propre esprit. L’exorcisme, et la paix qu’il donne, nous renvoie premièrement à d’autres puissances, invisibles aussi, cachées aussi derrière l’arbre. On trouvera, dans le mouvement lyrique du Phèdre, un autre exorcisme qui fait presque paraître les dieux de la terre, Centaures et Ægipans, mais en cortège, et par un jeu presque tout volontaire. Les Contes enfantins sont aussi des jeux de flûte, qui habillent décemment la peur. L’enfance se rassure à toutes ces règles, comme baguette, lampe, tapis magique, Sésame, qui font une sorte d’autre monde cohérent, en accord d’ailleurs avec la vie domestique, d’où l’enfant tire inévitablement la première idée d’une loi. La nature, domaine toujours inexploré, effraye bien plus que les contes, par la vaine recherche d’un rite suffisant. Une simple baguette, ce qui est la hache et les faisceaux de l’enfance, doit rassurer bien mieux qu’une arme. Et l’arme elle-même,