Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/127

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nous sommes trompés. Mais les génies sont naturels, et même d’expérience contrôlée dans la vie enfantine ; et l’enfance revient toujours. Nous avons le souvenir du dieu qui sert, qui interdit, qui menace, et si bien nommé dieu le père. Mais aussi, par d’autres causes, qui sont maintenant assez expliquées, nous imaginons derrière la chose et dans la chose une sorte de serviteur qu’on ne voit jamais, et qui nous donne ce que la chose nous donne. Et il faut faire grande attention ici, car l’expérience même la plus attentive nous prouvera tout au plus que la chose, comme arbre à résine, caoutchouc, zinc, ou charbon, nous sert à point sous des conditions toujours les mêmes, ce qui fait voir seulement que le génie caché est un serviteur sans caprice. On dit que l’électricité est une fée. Je n’ai qu’à tourner un bouton pour avoir lumière, chaleur et même froid ; et les caprices apparents s’expliquent toujours par ceci que je n’ai pas fait ce