Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/165

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est au dehors. Le sabbat des sorcières est au loin sur la montagne ; il faut y aller. Le récit seul peut faire vivre ces visions ; la veillée même rassure, et l’on y joue à avoir peur. On y connaît le prix du foyer et le prix de l’homme.

Vienne donc le sommeil, et même les songes, qui au reste veulent un peu de lumière extérieure et les bruits du matin. L’homme ne craint point tant les songes, et sans doute il n’en craint que ses propres pensées. Le retour et l’importance des songes tiennent à une autre religion, celle des immortels à forme humaine. Le mystère des choses n’y est point, je veux dire qu’on n’y sent point la doublure de l’ordinaire par l’extraordinaire ; car si on les prend tout à fait au sérieux, alors ils réveillent comme un danger. Hors des messages des mots ou des voyageurs lointains, il n’y a, dans le présent des songes, aucune signification symbolique ou allégorique ; c’est le réel qui est allégorique, et tous les