Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/173

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de fleurs, ce qui ressuscite, sous le casque, les dieux de l’âge d’or. On remarquera que la religion paysanne va à la raison, par le sentiment des grands retours qui sont le rythme de notre vie ; mais que la raison d’état, si puissante dans l’enfant, déformera toujours la raison selon les plis d’une autre nécessité, qui ne vient pas après l’autre, mais qui est toujours ; ce que représente le gendarme au tournant de nos chemins paysans.

Les dieux sont composés, comme nous sommes ; je dirais même composés de divers animaux, comme nous sommes. L’on trouve encore l’agneau, le bœuf et l’aigle, mêlés aux branches et aux fleurs, dans les ornements de nos cathédrales comme dans les métaphores de Bossuet. Peut-être pressent-on qu’une religion sans images ne serait plus du tout une religion. Poussant plus avant, et serrant de plus près notre existence solaire, nous nous demanderons si une pensée sans images