Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/189

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pête et un monstre indomptable ; et, comme Platon l’a vu, il tient toujours une colère prête à soutenir l’audace d’esprit. Par là non seulement l’homme se juge roi, mais encore il produit de lui-même une force de nature non moins merveilleuse que les forces environnantes ; et l’accroissement de cette colère retenue promet toujours plus ; d’où il se sent invincible et immortel, même comme nature.

La danse des forcenés est un exemple bas, mais d’autant plus remarquable, de ce déchaînement pour le plaisir ; l’esprit joue alors purement à se perdre ; et je mettrais dans mon enfer, si j’en voulais décrire un, cette danse démoniaque, bien plutôt que le supplice de Tantale, où l’homme est moqué. La danse furieuse des Tourneurs est bien au-dessus des désirs ; elle est plutôt défi à la douleur. Le suicide se trouve par là, et sans doute violent sous des formes tranquilles, comme la manie des alpinistes. Le délire guerrier est