Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/233

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paysan sacrifie des fleurs, du blé, un agneau ou un bœuf. C’est pourquoi le poète de nos jours est mieux placé que son ancêtre homérique pour retrouver en sa pureté quelque chose du sentiment paysan, qui a la fontaine elle-même offre le sang de l’agneau, à l’arbre lui-même offre la couronne de fleurs, au printemps lui-même offre ses Pâques sans dieu. Ce dieu Pan retrouvé en sa précieuse forme, qui est toute forme, depuis l’herbe jusqu’à l’arbre druidique, ne doit pas être pris pour un dieu nouveau, fils d’entendement et de raison. Le panthéisme fut toujours dénoncé par la religion de l’esprit comme une erreur capitale, et je voudrais expliquer peu à peu, au long de ces pages, qu’il en est une en effet, à laquelle même les plus subtils théologiens n’échappent pas toujours ; et cela vient de ce qu’ils n’ont pas parcouru, selon l’ordre de structure, qui est le vrai de l’histoire, la suite des dieux et la guerre des dieux. On comprendra