Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/235

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séniste qui a raison. L’offrande à Vénus n’est pas en soi moins tragique que le sacrifice d’Iphigénie ; et ce mot de tragique, qui vient de bouc, me semble exprimer assez fortement jusqu’à l’odeur de nos drames. C’est pourquoi le séduisant et enivrant panthéisme doit être continuellement repoussé et rabaissé à son niveau. Il nourrit tout le dessus, comme le ventre nourrit la poitrine et la tête, mais il n’est que ventre, et l’homme n’est pas que ventre.

C’est pourquoi ce n’est pas trop de tout l’appareil du rythme, et de toute la grâce du chant, pour faire revivre, selon une juste proportion, cette religion mère, par laquelle nous sommes et contre laquelle nous sommes, comme l’ambiguïté du regard animal nous le rappelle à l’occasion. J’admire ici l’excès de Descartes, qui n’est point poète du tout, et qui tient inflexiblement sa route contre l’idée même de l’âme animale. Ce soldat froid avait à franchir un passage difficile. Le poète