Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme un jeu d’exercice entre la peur et le courage ; enfin ce qu’on lit dans la Jérusalem et dans les autres contes héroïques. Et qui regardera avec attention à ces récits fougueux y reconnaîtra nos guerres, surtout à leur commencement. Ce moment est humain et le sera toujours.

On aperçoit peut-être en quoi le héros diffère d’un cheval qui tire jusqu’à se crever, quoique la ressemblance d’Achille à son cheval soit aussi à considérer ; car, à séparer la volonté de la structure, et même de l’obstacle, on perd tout l’homme ; on perd même le poète. Tout génie pousse de la terre et du sang, comme le langage le fait entendre, qui désigne d’un même mot les invisibles dieux des bois, et l’homme qui les méprise jusqu’à n’y plus penser, suffisant de lui-même, et rivalisant avec les dieux de l’Olympe, soit pour détruire, soit pour créer. Il faut donc considérer l’obstacle humain, dans lequel l’homme mire sa plus haute image. Et