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CHAPITRE III

LA LÉGENDE

La veillée, ici, est ample et publique. On chante le héros à pleine voix ; on le chante à jour dit, et devant sa statue purifiée. La commémoration, à laquelle l’architecte, le poète, le récitant, prêtent leur génie propre, et même leur propre immortalité, porte encore plus loin le pieux travail d’embellir, si naturel à la piété filiale. Et les auditeurs sont tous gardiens de la légende, ce qu’exprime ce mot même, car la légende est ce qu’on doit dire. Il y a du surnaturel dans le héros, par ce défi à tout qui lui est naturel, et par l’excès au delà