de l’excès, qui est la loi au moins de ses volontés. Cet esprit survivant s’envole de lui-même où nul homme ne peut le suivre. Le ciel est la demeure des dieux, parce que la pesanteur est notre ennemie la plus proche, et qui jamais ne cède. Mais ce lieu a d’autres privilèges. C’est là peut-être que nous cherchons toujours nos souvenirs ; car ils naissent premièrement des objets proches, et la perception les nourrit toujours ; elle les nourrit, mais en même temps elle les efface ; d’où l’attention qui les poursuit se porte naturellement vers les nuages ou la pure lumière. Ce court moment de rêverie, après les yeux levés, est inexprimable, parce que ce qu’on allait saisir toujours se fond dans le brouillard ou dans le soleil ; il ne reste que le discours pour peupler les solitudes, et telle est la naturelle apothéose. Il faut dire aussi que la flamme et la fumée du sacrifice conduisent encore nos regards. Et la ressemblance entre cette chaleur libre et la chaleur
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Apparence