Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/260

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récitant ou un lecteur. Toute éloquence suppose des règles principalement acoustiques, et qui ont pour fin, non seulement d’éviter la confusion et l’ambiguïté, mais aussi de préparer et presque de mesurer d’avance la place de ce qui sera dit. La poésie est la forme naturelle de cette éloquence qui ne doit exprimer que ce que tous attendent et reconnaissent. Le poème ne sert pas seulement la gloire, il est la gloire même.

À présent, il faut expliquer ce choix qui est toujours fait, dans la légende, entre ce qui importe surtout et ce qui n’importe guère. J’ai déjà remarqué que, dans les contes enfantins, ce qui n’est que travail contre la chose est simplifié et presque annulé, par cette raison que tous les travaux utiles se font sans l’enfant et hors de sa vue. Un voyage est alors peu de chose, et tient en quelques mots, car l’enfant est porté et dort. On rencontre de ces abrégés dans toute légende et même dans