Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/268

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le guerrier se trouve emporté, empêtré, arrêté. La mort des dieux s’y prépare, par le destin. Le destin est comme un mur ; on n’aime point se heurter au mur ; c’est ainsi qu’on le suit.

On ne comprendrait aucun genre de dieux par les seules pierres de la ville ; car elles suffisent bien. Les citadins sont assurés et incrédules ; il n’y a guère de mouvement dans leur fantaisie. Mais les paysans apportent chaque jour leurs dieux fous en même temps que leurs paniers de fruits. Quelque chose de l’invisible Pan, aux mille formes, revient toujours dans l’Olympe politique, de même qu’au rebours l’architecte des villes plante au fond du jardin le Satyre de pierre jouant de sa flûte triangulaire. Ce mélange est de toutes les religions parce qu’il est de l’homme. On y trouvera toujours la peur enfantine et l’espoir enfantin, puis la peur paysanne, moins aisément rassurée, et puis la règle urbaine, fille d’une autre peur, et d’une