Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/281

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toutes vraies ; le trait reste juste ; la scène est surnaturellement ce qu’elle serait physiologiquement. Le Jupiter de Phidias n’est toujours qu’un homme ; et même on peut dire qu’il n’est au-dessus de l’homme que parce qu’il est tout à fait un homme. Ainsi les batailles de l’Iliade sont seulement des batailles. Sans doute Achille se bat aussi contre le Scamandre, et cela est plus théologique que religieux ; encore est-il vrai que le fleuve combat comme un fleuve changé soudain en torrent ; et cela aussi arrive. Mais la pure bataille, la bataille cherchée et célébrée, est un fait humain, seulement humain ; toutes les surprises et tous les prestiges y ont forme d’homme. Il faut saisir ici le moment de la puissance humaine où, les monstres de nature étant vaincus et méprisés, le héros est le seul ennemi digne de l’homme.

En revanche, et par ce rassemblement de l’homme, et cette méditation du courage en face de lui-même, la nature est renvoyée