Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/282

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à elle-même et n’est que nature, comme les comparaisons homériques l’expriment, qui font paraître en éclair, et dans le combat même, cette autre vérité que les passions ne déforment plus. Les hommes sont vannés comme le blé ; mais ces pailles ne sont que des pailles au vent. La neige n’est que neige dans l’image, et tombe selon la loi des choses. Le lion n’est qu’un lion qui franchit les barrières ; ses griffes ne sont que griffes. Et le bûcheron, dans la montagne, n’est qu’un homme qui abat des arbres, et qui a faim. Le bouclier d’Achille, par le plus saisissant contraste avec la fureur du guerrier qui le portera, n’offre aux yeux que les images de la nature comme elle va, des travaux, des mariages, de tout ce qui passe et revient et recommence ; la guerre même n’y est que pillage, autre genre de récolte, comme si le forgeron divin avait voulu y écrire qu’il n’y a point de dieux. Et c’est bien ce que signifie l’arme, si exactement définie en sa puissance par