Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/283

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les cuirs de bœufs et les lames d’airain. Les travaux sont tout et font tout. Texte éternel et vrai miroir de l’homme. Mais Achille ne prend pas le temps de lire, et ne laisse point le temps de lire.

Toute poussière retombée, tous morts brûlés, l’idée que le héros est dieu fait un étrange chemin. La forme humaine est comme refermée sur ce grand secret. Les dieux sont partout. Un jeune homme inconnu qui montre le chemin, c’est Mercure peut-être. Le sage ami c’est Mentor, et c’est Minerve. Et, comme Ulysse est caché sous les haillons d’un mendiant, il se peut bien qu’un dieu porte la besace et quête de porte en porte. Ce prodigieux avertissement, qui n’est que sage, est le plus beau fruit de la folie héroïque. Car le héros revient toujours à l’ordinaire ; il mange, il boit, il dort. C’est mon frère l’homme. Et Ulysse, enseveli et dormant sous les feuilles, comme le feu des pasteurs, n’en est pas moins Ulysse. Il faut donc ouvrir un