Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/284

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crédit d’honneur et d’hospitalité à toute forme d’homme ; et l’idée qu’un dieu s’y cache peut-être est de celles que l’avenir ne diminuera point. Le chrétien ne dira pas mieux. Ou plutôt, il devrait dire mieux. Seulement homme, voilà le dieu. Homère le fait entendre déjà, quand il prête aux dieux les passions de l’homme, et les petites ruses de la politique ; à ce point que quelquefois, comme dans la trêve rompue, les dieux semblent plus méchants que l’homme. C’est que le héros est aussi plus méchant que l’homme. Et par cela même le dieu de l’Olympe est bien un homme à ne s’y pas tromper. Ce modèle est pour nous, et à notre portée. La charité transperce, puisque même les dieux ont besoin d’être aimés et pardonnés. Cette grande idée des dieux mendiants annonce un autre âge, et des pensées moins orgueilleuses. La forme de l’athlète est déjà déposée ; l’homme se reconnaît à d’autres signes, moins éclatants, à des signes qu’il