Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/323

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comme les autres fantômes ; je ne trouve rien que ma propre voix :

Amère, sombre et sonore citerne,
Sonnant dans l’âme un creux toujours futur.

Dans l’âme ? Qu’est ce dedans, sinon un dehors ? Nous voilà encore une fois dans les choses telles qu’elles sont, telles qu’elles sont par des rapports qui ne sont pas.

L’esprit cependant s’élance, et ne cesse de parcourir toute l’étendue des êtres, en haut, en bas, aux limites et au delà, soit dans le petit soit dans le grand, sans plus de peine à diviser encore qu’à doubler encore ; dont les nombres sont le symbole sacré ; car le plus petit des nombres, il n’y a point de peine à le diviser, ni le plus grand, à le dépasser, à le doubler, à le prendre, quel qu’il soit, pour une unité. Quelles que soient les limites, l’esprit nous attend au delà, comme en deçà. Dire que l’esprit ne peut tenir dans un corps, puisqu’il connaît d’autres corps, ce n’est