Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/325

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pensé l’esprit, étonne ses disciples par cette remarque que l’étendue est indivisible ; et en effet l’étendue ne peut manquer entre deux étendues ; et ce n’est encore qu’une image de l’unité. Mais, seul aussi, il a pensé l’unité comme chacun la pense. Car, de même que deux espaces sont toujours des parties d’un seul, de même deux esprits ne sont qu’un ; le tout de tout est en identité avec lui-même ; car s’il se compte plusieurs, c’est lui qui se compte plusieurs. L’un n’a pas à se refaire, puisqu’il ne se refait qu’en lui-même, toujours présupposé. Toute la mystique possible se trouve donc ici rassemblée ; que l’on s’en arrange comme on pourra. Il faut savoir que l’explication et la preuve manquent ici absolument. L’explication, parce que la division et le rassemblement des parties se font par l’unité de l’esprit, qui ne peut donc point lui-même être composé ni décomposé. La preuve, parce que toute preuve, même sceptique, suppose l’esprit