Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/339

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tie méchante qui veut puissance et qui sait gouverner. Cette pensée, par l’énonciation seulement, traverse les tyrans, et remonte jusqu’à Dieu. Mais doucement, il s’agit d’arbres et ce n’est pas vrai. C’est ainsi que le vrai du vrai laisse sa trace innocente et permet de suivre une pensée insupportable. Tel est le doute actif ; tel est le beau départ de l’esprit ; car il a besoin d’être rassuré à l’égard de la vérité même. Cette ruse cartésienne est profondément cachée. On voit comment la métaphore donne de l’air et de l’espace pour penser.

Le Corbeau et le Renard, fable célèbre, ne se prête pas non plus à l’exégèse. On ne demande point si les animaux ont parlé quelquefois comme font les hommes. On ne demande pas si le fromage peut tenir dans le bec d’un corbeau. Ce ne sont même pas des puérilités. On cherche autre chose. Et que trouve-t-on ? Une description des passions toute mécanique, et qui les prend par le dessous. Sterne