Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/354

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est beau. Il est beau de mourir pour César. La fausse gloire nous séduit, mais la vraie encore mieux. Trompés d’abord par la vanité, nous nous sauvons dans la puissance vraie, qui est de faire mourir aussitôt le résistant. Nous sommes perdus par la réalité ; elle nous guette au sortir des songes. Et quel reproche pourrait-on faire à celui qui tient compte de ce qui existe ? D’abord vivre. Je suis l’homme du possible. Gouverner n’est pas une petite affaire ; être gouverné n’est pas une petite affaire. Gagner sa vie n’est pas une petite affaire, et, comme a dit Proudhon : « La pensée d’un homme en place c’est son traitement. » Voici un drôle qu’il faut mépriser, mais c’est un favori du prince ; c’est de lui que dépend ma dernière demande, si évidemment juste. Il faut respecter aussi les caissiers et boursiers. Je marche sur des charbons. Il faut ménager le mal pour faire un peu de bien. Tout me tire par la manche. Ah ! Diable ! Diable !