Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/355

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Cette interjection est aussi éloquente à l’oreille que la plus juste des musiques. Ah ! Diable ! J’oubliais les choses comme elles sont et comme elles vont. Ah ! Diable ! J’oubliais que j’ai besoin de César, et que j’ai besoin de tout le monde. Ah ! diable ! Mon agenda est plein de choses importantes qui n’importent guère, et qui ne peuvent être différées. Diable, le mot le dit, c’est puissance oblique ; c’est lièvre qui traverse, et, encore bien mieux, prince qui traverse. Le diable c’est l’embuscade ; c’est la nécessité qui revient à l’esprit. Méphistophélès est très sage ; il pense à tout ; quel précieux ministre il ferait ! Il y a dans le Faust une suite admirable ; les idées y mûrissent comme des fruits. Conduisez la ligne de vie depuis le barbet jusqu’au financier ; c’est toujours le même diable. Il est fantastique au commencement ; mais plus il vieillit, plus il ressemble à l’incontestable. Il faut se rendre au barbet à figure d’homme. “Ainsi va le cours des