Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/359

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voir de tromper par l’évidence, et même par le vrai. C’était nier énergiquement le dieu extérieur ; et de là a suivi, et doit toujours suivre, le moment du doute hyperbolique. Car, il ne faut pas s’y tromper, Descartes s’est élevé de douter de l’incertain à douter du certain. Ce doute reste. Il est désormais attaché à toute chose qui se montre, car elle ne se montre jamais dans sa vérité ; et c’est l’esprit armé seulement de lui-même et de choses qui ne sont point, qu’on nomme idées, c’est l’esprit qui débrouillera les prestiges de l’arc-en-ciel, de la neige, de l’aimant, et de ce soleil qui n’est lumineux qu’en nos yeux, qui n’est chaud que sous notre peau. Cette fameuse révolution est de philosophie. Mais elle éclaire par l’analogie la révolution chrétienne et ses frappantes images. Car il est vrai que le culte de l’esprit est ce qui donne valeur, et ce qui remet l’inférieur à sa place. Mais il est vrai aussi que l’inférieur ne restera pas à sa place un