Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/360

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seul moment, et qu’il ne cessera de vouloir rabattre tout le reste à sa loi animale. Il est très exact de dire que tout est tentation, que toute apparence est fausse par le diable et vraie par l’esprit. L’erreur n’est rien ; mais elle apparaît pourtant. Tel est l’être propre au diable, qui n’est que condamné.

Les conséquences étonneront. Car le propre de la religion de l’esprit est de repousser les miracles. Qu’elle ne les nie point tous, cela signifie encore une fois que toutes les religions sont ensemble dans l’homme, et que, comme je veux le redire, les religions sont moins les étapes de l’homme que les étages de l’homme. Ce qu’il faut admirer, c’est que la religion de l’esprit, quoique mêlée de sorcellerie agreste, et souillée de puissance urbaine, ait pourtant vocation de nier d’abord tout miracle, d’après sa grande image du diable, qui peut toujours offrir l’apparence d’un miracle. On ne rend pas justice au christia-