Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/383

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déclamations qu’on ne peut réfuter ; car le discours du roi est ridicule s’il n’est que discours, et inutile si la force est suffisante. Cela signifie, si l’on a parcouru selon l’ordre les degrés du culte, que la religion politique n’est qu’un passage, qu’elle ne tient que par un dessus qu’elle nie, et qu’on redescend, si on ne la dépasse, jusqu’à la religion du loup et du serpent. Telle est la logique du diable ; et la théologie n’a pas manqué de dire que c’est premièrement la logique intérieure du diable, éternellement damné par lui-même. Et ces mythes si bien dessinés refusent les commentaires faciles. C’est pourquoi le merveilleux chrétien est ridicule dans l’épopée. Car, puisque le brillant paganisme a été non pas seulement remplacé, mais surmonté, tout le drame désormais se passe dans la conscience, au regard de laquelle les ressorts extérieurs sont seulement des moyens, et tous méprisés. Cette insuffisance de ce qu’il faut nommer le paganisme chrétien