« Un de ses amis, le trouvant dans sa chambre fort agité, lui demanda ce qui l’occupait.
« — Une rime, répondit il. Je la cherche depuis trois heures.
« — Voulez-vous, dit cet ami, que j’aille vous prendre un dictionnaire de rimes ? Il pourra vous être de quelque secours.
« — Non, non, reprit Boileau. Cherchez-moi plutôt le dictionnaire de la raison ». »
Boileau a résumé son procédé dans ces quatre vers bien connus :
Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage ;
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ;
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Nul n’a poussé plus loin la conscience de son métier. Il avait pour principe d’affronter les difficultés et n’admettait point qu’on s’y dérobât. Il écrivait à Racine que les transitions étaient le « plus difficile chef-d’œuvre de la poésie », et blâmait La Bruyère de les avoir supprimées.
Boileau fut toujours fidèle à ces théories qui expliquent bien son tempérament d’artiste, consistant surtout dans l’ajustage, la cohésion et la densité, 11 a écrit (Sainte-Beuve le remarque) des Epilres et des Satires uniquement pour encadrer des scènes et des portraits faits à l’avance.
L’originalité, selon lui, consistait moins dans l’in-
. Mémoires sur la vie de Jean Racine.