Page:Alberti- De la statue et de la peinture, 1868.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

177
DE LA PEINTURE

Ma pensée est donc que nous aussi, en lisant nos poètes, nous nous rendions plus fertiles, plus châtiés et plus avides du savoir que du lucre.

Cependant, il arrive que, la plupart du temps, le travail brise les hommes aussi studieux que curieux d’apprendre, bien plus parce qu’ils ignorent la vraie méthode de s’instruire que parce qu’ils ne prennent pas toute la peine nécessaire. C’est pourquoi ferons-nous connaître, tout d’abord, par quel moyen il nous faut devenir érudits dans cet art.

Avant toute chose, c’est à la nature que nous demanderons les degrés du savoir. Quant au perfectionnement, nous l’acquerrons par la diligence, l’étude et l’assiduité. Je voudrais que ceux qui se livrent à l’art de peindre observassent ce que je vois faire par les maîtres dans l’art de l’écriture. Car ceux-ci enseignent d’abord séparément les caractères des éléments, puis ils apprennent à composer les syllabes, et enfin les mots. Que les nôtres, en peignant, suivent donc la même méthode ! Et d’abord, qu’ils apprennent par cœur le contour des surfaces, comme étant les éléments de la peinture, puis les liaisons de ces surfaces et les formes de tous les membres. Enfin, qu’ils confient à leur mémoire toutes les différences qui peuvent exister dans les parties, car elles ne sont ni médiocres ni peu notables.

Il y a des personnes qui auront le nez bossu, d’autres le nez épaté, recourbé, ouvert ; quelques-unes présenteront une bouche saillante, quelques autres posséderont ai