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JACK ET JANE.

surtout d’éducatrice, et elle croyait avoir trouvé en son ami un champ de travail assez vaste pour pouvoir s’y distinguer.

La petite fille se trompait de point de départ. Elle oubliait que c’était elle d’abord, plus encore que Jack, qu’il fallait convertir à la douceur et à la patience. Elle mit tous ses efforts au service de Jack, trouvant sans doute qu’il est beaucoup plus facile de corriger les défauts des autres que les siens.

Jack était pour Jane un jeune sauvage très séduisant. Il semblait n’exiger que peu de soins, et Jane trouva d’abord sa tache très facile. Mais ce mois d’inaction et de literies avait produit un effet un peu démoralisant sur les deux malades, et sa tâche était moins facile que Jane ne l’avait supposé.

Tandis que Jack négligeait régulièrement son latin tous les jours, la grammaire de Jane, tout en étant mise chaque matin sous l’oreiller, n’était que très rarement ouverte. Tous deux lurent des livres uniquement amusants, tinrent cour pléniére dans leur chambre, et employèrent leurs heures de loisir à apprendre à Boule de Neige, le beau chat angora de Mme Minot, à rapporter leur balle lorsqu’ils la laissaient tomber en jouant.

Quand le samedi arriva, ce régime ne semblait avoir été bon ni pour l’un ni pour l’autre.

Ce n’était pas étonnant. Les devoirs et les travaux de chaque jour sont pour ainsi dire le pain de l’esprit ; mais les lectures frivoles et les jeux ne peuvent guère se comparer qu’à des gâteaux ou à des bonbons. Or, que deviendrait le corps si on ne le nourrissait pas un peu plus substantiellement qu’avec des friandises ?