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LA MISSION DE JANE.

Il pleuvait ce jour-là, et les malades ne pouvaient guère attendre de visites. Ils s’occupèrent donc à mettre en ordre l’album de timbres-poste de Jack.

Les collections de timbres faisaient alors fureur. Les enfants comparaient, discutaient, achetaient, vendaient et échangeaient de vieux timbres avec autant de passion qu’en apportent les hommes dans leurs spéculations de bourse.

Jack en possédait déjà une certaine quantité. Il s’agissait de les arranger le mieux possible dans le bel album que Frank lui avait donné, grâce à Jane, et d’y ajouter les quelques spécimens hors ligne que leurs amis leur avaient apportés depuis peu.

Jane eut pour tâche de découper les timbres et de les enduire de gomme, et Jack se chargea de les mettre en place. C’était une grave opération, et elle ne se faisait pas sans de grandes discussions.

Mme Minot, s’étant absentée un moment, trouva en rentrant la figure des deux amis toute constellée de timbres de différents pays.

« Quel nouveau jeu avez-vous découvert, mes enfants ? leur demanda-t-elle en riant. Voulez-vous imiter le tatouage des Indiens, ou bien êtes-vous des lettres qui auraient fait le tour du monde ?

— Ils s’envolaient à chaque instant, répondit Jack d’un air affairé ; comme nous ne pouvons pas les ramasser nous-mêmes, nous les avons collés là. C’est très commode. Nous trouvons tout de suite ce qu’il nous faut rien qu’en nous regardant. »

Il jeta un regard anxieux sur la figure de Jane.

« Je ne vois plus ma Nouvelle-Grenade, s’écria-t-il.