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JACK ET JANE.

que sa mère et la transportèrent dans leur château, La châtelaine les accueillit toutes deux avec bonheur.

— Je crois que c’est de vous qu’on parle, dit tout bas Jack à son amie en lui jetant son œillet blanc. Jane lui envoya en échange la fleur qu’elle tenait, et mit son doigt sur ses lèvres pour lui imposer silence. L’histoire devenait très intéressante.

— Au bout de quelque temps, poursuivit Mme Minot sans prendre garde à l’interruption, les souffrances de la petite fille diminuèrent ; bientôt elles cessèrent presque complètement ; mais l’enfant ne pouvait se résigner à sa captivité. Elle pleurait et gémissait depuis le matin jusqu’au soir.

— La châtelaine s’efforçait de lui venir en aide, mais ce n’était pas facile ; les petits chevaliers étaient très gentils pour elle, et ses amis aussi. Ils venaient la voir aussi souvent que possible, mais ils ne pouvaient rester toujours auprès d’elle, et elle se trouvait parfois bien malheureuse. Rien ne la consolait. Elle se meurtrissait les ailes contre les barreaux de sa cage, comme un pauvre petit oiseau. Bientôt sa gaieté et sa vivacité eurent disparu. C’était triste de la voir ainsi.

— Avec tout cela, où donc est sainte Lucy ? interrompit Jack qui n’aimait pas à entendre rappeler les souffrances de son amie.

— Un peu de patience, Jack, répondit sa mère. Les saints ne sont pas des saints depuis le moment de leur naissance. Ils ne le deviennent qu’après des tribulations à l’infini et de longues épreuves. Je continue mon histoire : La pauvre petite malade chantait quelquefois : « Douce Patience, viens m’aider, » sans se douter que la