Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/118

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— Oh ! mon oncle, interrompit la petite fille, comment pouvez-vous dire une chose pareille ? On ne m’a jamais fait que des compliments pour mes dictées et mes analyses, et je savais ma grammaire sur le bout du doigt. Si je fais des fautes en parlant, c’est que je ne m’en rappelle pas.

— Voyons, Rose, reprit le docteur, que dois-je penser de votre manière d’observer dans la conversation les règles de la grammaire que vous prétendez si bien savoir ? Lily et moi étaient les premières, m’avez-vous dit tout à l’heure, en terminant votre phrase par ces paroles : « surtout pour notre allemand et notre piano — et tout ça ! » Et à la minute même vous avez dit : « Je ne m’en rappelle pas. »

— Peut-on être aussi puriste ! » allait crier Rose d’un ton assez inconvenant.

Elle s’arrêta juste à temps, se mordit la langue, réfléchit qu’elle était dans son tort, et, perdant son air boudeur, elle répondit de sa voix ordinaire :

« C’est vrai, mon oncle : notre allemand, notre piano et tout ça, ce n’est pas très joli. J’aurai pu dire : les classes d’allemand et de musique, et surtout : Lily et moi étions les premières ; et puis encore : Je ne me le rappelle pas !

— À la bonne heure ! Voilà ce qui s’appelle savoir reconnaître ses torts, et je vous félicite de votre bon caractère ! Veillez un peu sur votre manière de parler, ma chère, continua l’oncle Alec. Je tiens à ce que vous sachiez à fond votre langue. À fond !… voilà l’écueil des éduca-