exemple, qu’un de ceux que je veux dire demeure un peu à la campagne, un peu à Milan : si là il est un diable, il ne sera pas un ange ici, ce me semble. Eh bien donc, dites-moi un peu, messieurs, si l’on a jamais vu l’un de ces gens-là le nez contre les barreaux ? Et ce qu’il y a de pis (et ici je puis le donner pour sûr), c’est qu’il y a des ordonnances, des ordonnances imprimées, pour les punir : et ce ne sont pas des ordonnances qui manquent de sens ; elles sont au contraire très-bien faites, nous ne pourrions trouver rien de mieux ; les coquineries y sont nommées bien clairement, tout comme on les voit se faire ; et pour chacune sa bonne punition. Et il y est dit : Qui que ce soit, villageois et plébéiens, et que sais-je encore ? Or, allez dire aux docteurs, aux scribes et pharisiens, qu’ils vous fassent faire justice selon ce que chante l’ordonnance : ils vous écoutent comme le pape écoute les voleurs de grand chemin ; c’est à faire tourner la cervelle à tout honnête homme. Il est donc bien clair que le roi et ceux qui commandent voudraient que les coquins fussent châtiés ; mais on n’en fait rien, parce qu’il y a une ligue. Il faut donc la rompre, cette ligue ; il faut aller demain matin chez Ferrer, qui est un brave homme, celui-là, un seigneur sans façons ; et l’on a pu voir aujourd’hui comme il était bien aise de se trouver avec les pauvres gens, comme il cherchait à entendre les raisons qu’on lui disait ! et comme il répondait de bonne grâce ! Il faut aller chez Ferrer, et lui dire comment sont les choses ; et moi, pour ma part, je lui en peux conter de belles, moi qui ai vu, de mes yeux, une ordonnance avec des armoiries de cette longueur-là en tête, et qui avait été faite par trois de ceux qui ont l’autorité, avec le nom de chacun d’eux bel et bien imprimé au bas ; et l’un de ces noms était Ferrer, que j’ai vu, moi, de mes propres yeux : or, cette ordonnance disait précisément les choses qu’il me fallait ; et, lorsque je dis à un docteur de me faire par conséquent rendre justice, comme c’était l’intention de ces trois messieurs parmi lesquels était Ferrer, lorsque je dis cela à ce monsieur le docteur qui m’avait montré lui-même l’ordonnance (c’est là le plus beau de l’affaire), ah ! ah ! il semble que je lui contais des extravagances. Je suis sûr que, lorsque ce cher bon vieux apprendra toutes ces belles choses, car il ne peut savoir tout ce qui se passe, surtout dans les villages, il ne voudra pas que le monde continue d’aller ainsi, et il y mettra bon ordre. Et d’ailleurs, ces messieurs eux-mêmes, puisqu’ils font les ordonnances, doivent être bien aise qu’on obéisse ; car c’est du mépris pour leur nom que de le compter pour rien. Et si les hommes puissants qui oppriment le peuple ne veulent pas baisser la tête et font des sottises, nous sommes ici, nous, pour l’aider, comme nous avons fait aujourd’hui. Je ne dis pas qu’il doive aller lui-même rôder en carrosse pour prendre et emmener tous les coquins, tous les oppresseurs des pauvres et les tyrans : ah ! bien oui ! il lui faudrait l’arche de Noé pour voiture ; mais il faut qu’il ordonne, à ceux que cela regarde, et non pas seulement à Milan, mais partout, de faire les choses comme le disent les ordonnances, et de mettre un bon procès sur le corps à tous ceux qui ont commis de ces coquineries ; et là où il est dit prison, prison ; là où il est dit galère, galère ; et qu’on dise aux podestats de faire leur devoir tout de bon ; sinon, qu’on les envoie
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