Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/70

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arbres, et par la douce mélodie des doïnas qui résonnaient au fond des forêts.

Partout où elle apparaissait, les douces paroles allaient à sa rencontre, et elle traversait la vie comme une abeille dans un parterre de fleurs. Parfois, cependant, elle s’arrêtait pensive, le cœur ému, car il lui semblait entendre une voix mystérieuse qui lui disait :

« Oh ! chère Mariora Floriora ! que tu es belle et gracieuse ! Que ton cœur est joyeux ! Tu as ensorcelé bien des esprits, tu as troublé bien des cœurs ! Mais as-tu pensé déjà, ou n’as-tu point pensé qu’il est temps d’aimer à ton tour, car le Seigneur Dieu t’a donné deux beaux yeux pour éclairer le monde, un sein voluptueux pour être caressé, et des lèvres charmantes pour être baisées ?

« Sais-tu, en outre, ou bien ne sais-tu point que tu dois mourir et puis ressusciter dans un autre monde, et que tu auras à rendre compte là-haut des trésors que Dieu t’a mis dans le cœur ? Toutes les fleurs de la terre prennent le chemin de la tombe pour retourner au ciel ; mais la fleur du lac se tient aux portes du paradis, et demande à ses sœurs ce qu’elles ont fait de leurs parfums ici-bas.


II


Voilà que, par une matinée de soleil, Mariora fit la rencontre d’un étranger monté sur un coursier sauvage des montagnes, lequel était marqué au front d’une étoile d’argent. Sitôt qu’elle l’aperçut, la jeune fée s’arrêta malgré elle en baissant les yeux devant lui ;