Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/160

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moins les approuver ou les combattre, en un mot les discuter. Mais, sans sortir de ma besogne, qui est une simple constatation des faits, cette étude contiendrait une lacune, si je ne plaçais pas ici un aperçu sommaire des idées critiques d’Émile Zola.

La première formule fut donnée par lui dans Mon Salon : « Une œuvre d’art est un coin de la nature vu à travers un tempérament. » Je remarque en passant que ce n’est qu’une traduction imagée et très nette de la définition empruntée à Bacon par Diderot : Homo additus naturae. Zola ne s’en est jamais écarté ; c’est-à-dire qu’il a toujours réservé la question de la personnalité, et qu’il a ensuite pris la nature comme base solide et nécessaire.

Parti du romantisme, il en est arrivé à une sorte de classicisme rajeuni. C’est-à-dire qu’il souhaite une forme sobre, nette, simple surtout. Mais il est d’avis qu’on ne doit imposer aucune rhétorique, ou, pour mieux dire, il accepte toutes les rhétoriques, par cela même qu’il a le respect de toutes les personnalités.

Mettant donc à part cette question des personnalités, où il ne croit pas que le critique puisse intervenir, il étudie surtout les œuvres au point de vue de leurs rapports avec la nature. De là, ce qu’il a nommé « le naturalisme, » c’est-à-dire le mouvement qui, parti du dix-huitième siècle, est en train de remettre en question toutes les connaissances, de reprendre l’étude du monde par les méthodes d’observation et d’expérimentation.