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Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/182

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beaux soirs d’été, la table était, mise sur l’étroite terrasse, et la famille dînait dehors. Puis, quelques intimes — Marius Roux, Duranty, les peintres Beliard et Coste, ou moi — arrivions. Et, les coudes sur la table desservie, le thé fumant dans les tasses, on causait jusqu’à minuit, sous les étoiles. Parfois, quand « le jardinier » avait terminé le matin quelque chapitre de la Curée, du Ventre de Paris ou de la Conquête de Plassans, il nous le lisait. Et lorsqu’il s’interrompait à la fin d’un alinéa, ou pour tourner une page, on entendait tout à coup le murmure profond et lointain de Paris : le mystérieux ronflement d’un colosse qui s’endormait.

Cette installation lui revenait à mille francs par an. Ce fut à cette époque que commença sa liaison avec Gustave Flaubert, et qu’il se rapprocha davantage d’Edmond de Goncourt, très isolé et très attristé depuis la mort de son frère. Enfin, en 1874, sa position s’améliorant toujours, il allia habiter, 21, rue Saint-Georges, aux Batignolles (aujourd’hui rue des Apennins). C’était un petit hôtel, avec jardin toujours. Pas d’autres locataires ! Et point de concierge ! Ce double rêve de tout ménage parisien un peu à l’aise, se trouvait réalisé.

Ici, avec le succès, l’existence de Zola se transforme insensiblement. Jamais il n’avait été si grandement logé. Un sous-sol pour l’office et la cuisine ; au rez-de-chaussée, le salon et la salle à manger ; puis deux étages : le premier pour lui et sa femme,