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Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/224

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lourdes : calembredaines de l’heure de l’absinthe qui passent pour de l’esprit français. Ils ont travesti ses intentions les plus droites, se sont efforcés de le ravaler à leur niveau, lui ont prêté leurs propres calculs, l’ont accuse de ne chercher aussi que l’argent et de spéculer sur la dépravation des mœurs, comme eux spéculent sur celle du sens commun et de l’esprit.

Mais ne tenons pas compte de la haute voltige de ces célébrités, qui n’existent que de l’angle de la rue Drouot à la place de l’Opéra. Si l’on fait le relevé des jugements portés sur l’œuvre d’Émile Zola par les divers groupes de notre critique contemporaine, on constate, en résumé, beaucoup de malveillance, mais peu d’études consciencieuses. C’est moins contre la sévérité des conclusions que je m’élève, que contre la légèreté de l’analyse. Volontairement ou non, par mauvaise foi, par cécité naturelle ou par paresse, on dirait que ceux qui ont écrit sur lui, l’ont à peine feuilleté et même ne l’ont jamais lu. Certes, il faut du travail ! Ce n’est pas une petite affaire que de prendre connaissance dans son entier d’un écrivain qui a entassé volumes sur volumes ; que de suivre pas à pas les développements de sa pensée : que de noter au passage s’il a toujours été conséquent avec lui-même ; que de savoir d’où il vient et où il va, quels sont ses ancêtres intellectuels ; enfin que de ne pas le prendre isolé, mais baigné en quoique sorte dans l’air ambiant