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Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/225

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d’une époque, de façon à pouvoir le comparer aux contemporains et à délimiter avec quelque justice la place qu’il occupe. Voilà ce que j’attends d’une critique vraiment digne de ce nom. Je crois avoir lu tout ce qui a été écrit en France sur l’auteur des Rougon-Macquart, et je serais fort embarrassé pour signaler une seule étude de quelque importance, aux conclusions sévères, soit ! mais conçue au moins dans cet esprit d’enquête sérieuse. Pourtant, quels flots d’encre déjà répandus ! Informations superficielles du reportage ! Lourdes pasquinades et ineptes calomnies de la chronique légère ! Puis, toutes les pauvretés essoufflées de la critique courante : coups de goupillon et coups de hallebarde des catholico-romantiques, accusations intéressées des politiciens, brillante médiocrité des normaliens ! Enfin, au sommet, le silence obstiné de la haute critique scientifique et son désintéressement de la littérature contemporaine ! C’est pourquoi je conclus que nous n’avons pas actuellement de critique en France.

Tout ce qui précède est pour la France. Passons la frontière. Quelle est l’attitude de la critique étrangère envers cet écrivain français, si malmené par ses compatriotes ? Le juge-t-elle avec plus de partialité et de rigueur ? Au contraire. De grandes études patientes, approfondies, lui ont été consacrées un peu partout : en Italie, en Russie, en Allemagne. En Russie, notamment, une de ces études a pris la proportion d’un gros volume. En Italie, je connais plus